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Matthieu chapitre 2,19-23

  • Photo du rédacteur: Nicodème
    Nicodème
  • 15 juin 2018
  • 3 min de lecture

19 Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte 20 et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » 21 Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. 22 Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée 23 et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.


Dieu dans sa fuite

Tel père tel fils ? La violence de l’un se perpétue dans la violence de l’autre. C’est souvent ainsi dans les successions des tyrans. Un nouvel Hérode règne sur la Judée et cela fait craindre à Joseph les mêmes horreurs que celles commises par son père. Il faut donc se mettre à l’abri. Il y a un motif qui doit nous interroger ici. C’est celui de la fuite. C’est la deuxième fois que le Messie, le Sauveur, qui plus est Fils du Dieu tout-puissant, prend la tangente. Son Père ne peut-il affronter le danger, envoyer ses anges* et défaire l’ennemi, plutôt que de le fuir ? Dans nos sociétés, le courage est extrêmement valorisé. Nous avons le culte des héros qui vont à la guerre pleins de bravoure et qui dépassent leur peur pour faire « gagner le bien ». Mais Dieu choisit un autre chemin. Celui de l’évitement. Ce n’est pas lâcheté, pourtant. Mais se battre, blesser, faire mourir ses adversaires, c’est toujours faire mal. Et Dieu ne peut avoir aucune part au mal. En Dieu, il n’y a pas de légitime défense, et c’est d’ailleurs ce qui expliquera, à l’autre bout de la vie de Jésus, le scandale de la croix. Au cours de son procès, Jésus se tait, il ne se rebelle pas, il ne répondra pas au mal qui le frappe, il ne participera pas à la violence. Certains voudraient nous faire croire que Dieu est dans les croisades, dans les combats, ce sont des menteurs. Dieu passe son chemin, il fait un écart, il ne veut blesser personne. Jésus l’enseignera tout au long de sa prédication : les ennemis sont faits pour qu’on les aime.

Frère Jocelyn Dorvault, dominicain


Quelle belle méditation du frère Jocelyn ce matin. Elle me touche beaucoup. J’aime bien cette attitude de « l’esquisse » de Dieu face au mal et à la violence.

L’esquisse n’est pas lacheté, elle symbolise le désir de ne pas entrer dans le cercle infernal de la violence et du mal. Elle chercher à rétablir l’harmonie là où elle n’est plus, elle apporte la paix entre les hommes…

Permettez-moi un petit parallèle avec un art martial que j’aime beaucoup, l’aïkido. Ce chemin de « l’évitement » est un chemin que nous prenons tout le temps dans la pratique de l'Aïkido. En Aïkido, le combat s’arrête quand il commence, c’est paradoxal, mais c’est ainsi.

On pourrait dire que pratiquer l'Aïkido c'est avant tout un combat avec soi-même puis avec les autres. Les techniques que nous répétons des milliers de fois ont pour finalité d'une part de nous changer nous-même en canalisant notre propre violence et d'autre part apprendre à canaliser la violence et l'agressivité de l'autre en vue de rétablir l’harmonie. Il faut beaucoup s'entrainer afin de maîtriser les multiples techniques et à force de les répéter elles deviennent en nous une seconde nature, une sorte de réflexe.

On pourrait faire un joli parallèle avec l’évangile ! Il nous faut longtemps ruminer cette Parole pour parvenir à la vivre. Il nous faut longtemps nous imprégner de cet Amour qui transpire dans chacune des pages de l'évangile et de la Bible pour en devenir nous-même un petit reflet.

Face au mal, Dieu passe son chemin, il fait un écart, il évite la confrontation pour ne pas blesser. Il me semble que si l’on veut imiter Dieu dans cette esquisse, il nous faut acquérir une certaine souplesse dans notre esprit afin d'apprendre aussi à vivre dans cette dynamique de non-violence et d’Amour.

Morihei Ueshiba, le fondateur de l’aïkido disait ceci :

« Si tu vaincs un ennemi, il sera toujours ton ennemi. Si tu convaincs un ennemi, il deviendra ton ami. »

Faire de l’aïkido finalement c’est très évangélique !


*Évangile de St Matthieu ch 26, v 53.

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