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Matthieu 6, 16-18 Quand vous jeûnez

  • Photo du rédacteur: Nicodème
    Nicodème
  • 24 sept. 2018
  • 3 min de lecture

16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. 17 Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; 18 ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra.


La brisure du cœur

« Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu. » Jésus dénonce ici le risque de faire du jeûne un « signe extérieur de sainteté ». Ce serait un peu comme l’attitude bling-bling d’un nouveau riche, qui accumulerait des « signes extérieurs de richesse », mais sur le plan spirituel. Dans notre société occidentale, le jeûne n’est pas d’abord perçu comme un témoignage de foi, mais plutôt comme une règle religieuse à respecter. Davantage encore, le jeûne est considéré comme une pratique de santé, pour se « détoxifier ». Mais de cette dernière motivation il n’est pas question dans cet Évangile. La mise en garde de Jésus vise à nous orienter, à mon sens, sur un autre point : dans ma pratique religieuse, quels sont les actes que je pose par obligation plus que par foi ? Par exemple, est-ce que je vais à la messe parce que je veux donner l’image d’un « bon catholique » ou bien parce que la célébration creuse et nourrit ma foi ? Allons un peu plus loin. Qu’est-ce qui plaît à Dieu ? Je lis dans le psaume : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. »* Certains se diront peut-être : « Quelle violence ! Est-ce que Dieu veut notre malheur ? » Le cœur dont il est question ici n’est pas celui brisé par la souffrance ou le chagrin. Il s’agit du cœur qui manque, reconnaissant son besoin de Dieu comme source de vie et de vérité. Prenons, par exemple, le cœur brisé du « fils prodigue » qui revient vers son père tout contrit. C’est un chemin de bonheur. Mais le mystère pascal concentre ces brisures pour les proches de Jésus : le cœur de l’apôtre Pierre qui pleure parce qu’il a renié, celui de la Vierge Marie au pied de la croix, et enfin celui de Marie-Madeleine au matin de Pâques. Comment ne pas les relier au cœur ouvert de Jésus ? Ces cœurs brisés peuvent alors s’ouvrir à la lumière de la résurrection ! Sr Carine-Michel, dominicaine.

* Psaume 50, 19


L'axe que prend sr Carine-Michel me plaît bien ce matin.

Le jeûne pris sous l'angle du "coeur brisé et broyé" dans le sens du "coeur qui manque" est très intéressant. Jeûner, dans un premier temps, c'est accepter de manquer, puis dans un deuxième, oser nous retourner vers Dieu humblement en reconnaissant que nous avons besoin de Lui. Jeûner, c'est accepter et assumer le manque, en Dieu. La phrase paraît simple comme ça, mais en fait elle est très difficile à vivre. Dès que nous avons un manque, un vide, notre réflexe est de le remplir, parce que le vide fait peur. Or c'est souvent au coeur du vide qu'il se passe des choses importantes capables de construire la confiance en Dieu, en les autres et en nous-même.

Jésus insiste aussi sur le fait que le jeûne doit rester secret. Cet aspect là aussi me semble important. Le jeûne se vit au coeur d'une relation avec Dieu et il requiert une certaine intimité, donc aussi une grande discrétion. Je suis toujours étonnée quand je regarde d'un peu plus près la vie d'un Saint, de voir le chemin de solitude positive et de grande liberté au coeur de ses limites. On sent bien que le saint a une colonne vertébrale solide et une vie de foi bien ancrée, mais cela c'est toujours au coeur de sa faiblesse. Paradoxe incroyable et pourtant bien réel. Le saint n'a pas peur de reconnaître ses faiblesse, ses limites et ses manques, puisque ses failles sont appelés à être transcendé par la Confiance. Et cela on peut le percevoir si l'on regarde bien dans la vie des personnes qui nous entourent qui vivent cela magnifiquement. Ce pourrait être un petit exercice de ma journée, de discerner chez ceux que je vais croiser ces graines de sainteté. Observer celles et ceux qui au coeur de leur limites et de leur manque se laissent transcender par la Confiance en Dieu. Il y en a pleins, il faut juste ouvrir un peu les yeux.. Quand on en rencontre, alors je vous assure, c'est que du bonheur !

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