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Matthieu 6, 9-15 Notre Père

  • Photo du rédacteur: Nicodème
    Nicodème
  • 21 sept. 2018
  • 4 min de lecture

Évangile selon saint Matthieu chapitre 6, versets 9-15 09 Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, 10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11 Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. 12 Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. 13 Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. 14 Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. 15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes.


Loin des yeux, proche du cœur

Ce passage de l’Évangile, le Notre Père, est le plus célèbre de toute la Bible. Cette prière est la plus précieuse de toutes : elle est enseignée par Jésus lui-même. Mais à force de la dire, elle peut devenir machinale et nous risquons de ne plus en percevoir la saveur. Pourtant, dès les premiers mots – notre Père qui es aux cieux – il se passe quelque chose d’extraordinaire. Cette parole que nous sommes invités à faire nôtre répond à une difficulté jusque-là insurmontable : Dieu paraît bien loin. Le Dieu auquel nous nous adressons dans la prière, c’est le Dieu tout-puissant, le « Dieu de la gloire qui déchaîne le tonnerre »*, le Dieu qu’on ne peut pas voir tant il est saint. On le croit parfois silencieux, on a du mal à le trouver, il semble bien loin dans son ciel. Et voici que ce Dieu immensément grand, Jésus nous invite à le reconnaître comme notre Père. Or, quoi de plus proche qu’un père pour son enfant ? Jésus nous révèle que la grandeur infinie et la sainteté absolue du Seigneur de l’univers ne sont pas incompatibles avec sa proximité. Celui qui trône dans les cieux, c’est quelqu’un avec qui nous avons une relation directe, intime, familiale. Nous nous égarons parfois en pensant que Dieu est trop loin, qu’il ne nous entend pas, qu’il nous a oubliés. Ou bien, au contraire, nous nous fabriquons un petit dieu – une idole – tout à notre convenance, mais dénué de grandeur et de puissance. Le Dieu de Jésus-Christ, c’est ce Dieu à la fois si grand et si proche.


« Notre Père » s'écrit en hébreu "Abba", avec les deux premières lettres de l'alphabet, aleph et beth. Quand on observe la première lettre Aleph, on se rend compte qu'elle est composée de deux yod, (le yod étant la plus petite lettre de l’alphabet). Un yod tourné vers le haut, désigne le monde d’en-haut, le monde divin et un yod tourné vers le bas, désigne le monde d’en-bas, qui est notre réalité humaine… les deux Yod sont séparés par le vav.

Ce qui me touche beaucoup dans un commentaire de Josy Eisenberg * ce sont que les deux yod ne sont pas symétriques. Mais le Yod d’en bas, est comme le miroir du yod d’en haut, à l’envers.. Dans cette lettre Aleph, présente dans le nom du Père, il y a cette dualité de la réalité humaine dont une partie aspire vers le haut et l’autre vers le bas.. Etonnant aussi de voir que dans le mot « Adam » , en Hébreu comporte aussi la lettre Aleph. Cela nous indique qu'en l'homme aussi il y a deux forces. La loi de la gravitation Universelle, fait que nous sommes projetés vers le bas, mais il y a aussi l'élévation de l'être qui tend à s'élever jusqu'au plus haut de nou-même..

Le Père ainsi, sonde chaque parcelle de notre vie. Il sait bien ce dont nous avons besoin, avant que nous le lui demandions tout simplement parce que l'être même de l'homme gravé dans son propre nom. L’homme a aussi en lui cette ressemblance avec le Père qui l’attire sans cesse vers le plus haut de lui-même et on pourrait dire que l'homme aussi sait à l'intérieur de lui-même ce vers quoi il tend sans cesse..

Finalement nous n'avons pas besoin de grand chose, juste de se savoir aimer et créé à la ressemblance du Père, cela devrait nous suffire pour continuer à avancer dans la confiance en nous-même, en l'autre et en Dieu..

Le Père, EST à la fois le tout proche, Celui qui se rend présent au plus intime de nous-même, et Celui se rend Présent dans chacune de mes relations aux autres.

Il EST aussi le tout Autre, le maître du visible et de l'invisible, le maître de la création, de l'infiniment petit à l'infiniment grand...

Marguerite Porete, bégune contemporaine de maître Eckhart aime appeler Dieu,

le « Loin-Près » Une magnifique expression qui me parle tellement...


Merci Seigneur Jésus pour cette prière qui vient directement de ton cœur et qui nous plonge dans le cœur du Père, notre Père, notre papa.

Le petit parallèle que je propose en prière ce matin s'inspire directement de la prière du Notre Père magnifiquement retraduite par Michel Guerre, père Mariste.

Notre Père, notre Papa

Qui est aux cieux, qui ES au plus haut de nos vies

Que ton nom soit sanctifié, ton nom de tendresse soit reconnu,

Que ton règne vienne, que ton royaume de relations se tisse au cœur de notre cœur,

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, que ta volonté d’amour s’accomplisse en chacun de nous et dans nos désirs d’infini,

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour, permets-nous d’accueillir le pain de la vie qui est aussi ta parole quotidienne,

Pardonne-nous nos offenses, donne-nous ton Amour par-dessus tout, au-delà de nos travers et de nos cibles manquées,

Comme nous pardonnons aussi, a ceux qui nous ont offensés, comme nous essayons de le donner par-dessus tout à ceux et celles avec qui la relation est difficile à tisser.

Ne nous laisse pas entrer en tentation, accompagne-nous dans l’épreuve,

Mais délivre-nous du mal, et libère-nous de ce qui entrave notre marche en avant.

Car c’est à Toi qu’appartiennent le Royaume des relations, la force de l’Amour, et cette présence qui a du poids dans nos vies.

AMEN


*"L'aphabet sacré" Josy Eisenberg - éd. Fayard

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