Matthieu 6, 5-8 Quand tu pries...
- Nicodème
- 19 sept. 2018
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05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. 06 Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. 07 Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 08 Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.
Choisir son juge
Dangereuse la prière ? Bien sûr, elle est, par excellence, une bonne chose, à laquelle Jésus nous exhorte sans cesse. Mais le risque, c’est d’en tirer orgueil. Quand une prière est ostentatoire, ne trahit-elle pas un désir de briller devant les hommes ? Il faut donc prier secrètement. Certes, on ne cherche plus l’admiration du monde, mais n’a-t-on pas simplement remplacé l’orgueil devant les hommes par l’orgueil devant Dieu ? Finalement, pour la prière, comme pour le jeûne, notre attitude va être jugée. Simplement, il faut choisir son juge : Dieu ou le monde ? Sans hésitation, c’est le Seigneur qu’il faut choisir ! D’abord parce qu’il est un juge qui nous aime, miséricordieux et plein de bonté. Le monde, au contraire, est ambigu, inconstant dans son jugement. Il peut porter aux nues un homme et le crucifier ensuite. Albert Camus l’a bien compris, qui déclare : « Le jugement de Dieu, je l’attends de pied ferme : j’ai connu ce qu’il y a de pire, qui est le jugement des hommes. » Par ailleurs, la prière s’inscrit dans une relation d’amitié entre Dieu et moi. C’est un acte trop intime pour être soumis à l’appréciation d’une personne extérieure. Une vraie relation avec quelqu’un qu’on aime est faite de paroles, de gestes, de silences que nul ne peut comprendre que les deux qui s’aiment. L’amour fait entrer dans un monde nouveau, insaisissable du dehors. « Mon bel amour mon cher amour, je te porte dans moi comme un oiseau blessé, et ceux-là sans savoir nous regardent passer » (Louis Aragon).
Frère Cyrille-marie, dominicain.
La méditation de frère Cyrille-Marie nous invite à la maturité spirituelle. Une belle manière de nous prendre en main et de construire avec Dieu cette relation d'intimité dans la prière. Très souvent, lorsque nous prions, nous avons cette impression de vide, parce qu' apparemment rien ne se passe. Apparemment rien ne se vit.. apparemment rien ne se partage... Or au coeur de ce vide apparent, paradoxalement c'est l'inverse qui se produit, mais nous ne le percevons pas sur le moment. Nous le percevons souvent plus tard, par de minuscules prises de consciences que quelque chose a bouger en nous et soyons en certain, ce mouvement a commencé dans cette prière qui m'a semblé si pauvre, si vide...
Le point de départ de ce chemin c'est l'Amour de Dieu. Observer Jésus chaque jour, nous ouvre le coeur et nous fait percevoir de quel amour nous sommes aimés. Quand je m'ouvre à cet amour infini, alors je peux dire que déjà la base de ma prière est posée et que je peux commencer à bâtir ma maison intérieure.. Ma prière n'est pas fondée sur ma volonté, ni sur mon désir, et encore moins sur ma capacité à méditer et à me tenir en silence. La base de ma prière c'est l'Amour de Dieu. C'est lui qui construit en moi ce chemin, si je lui en donne la possibilité toutefois. Il ne fera rien sans moi. Il fera tout avec moi.
Magnifique citation d'Aragon que je vais garder en mémoire tant elle me parle ce matin.
« Mon bel amour mon cher amour, je te porte dans moi comme un oiseau blessé, et ceux-là sans savoir nous regardent passer » (Louis Aragon).
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