Matthieu 5, 38-42 A qui te demande, donne..
- Nicodème
- 12 sept. 2018
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Évangile selon saint Matthieu chapitre 5, versets 38-42 38 Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. 39 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. 40 Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. 41 Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42 À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Le juste prix de la perfection
Suivre le Christ, c’est souvent difficile, et parfois même… impossible. Qu’il faille se maîtriser et accueillir la loi du Talion – « œil pour œil dent pour dent »* – comme une régulation de notre désir spontané de vengeance et ainsi éviter toute escalade de violence, soit ! Qu’il faille, en plus, renoncer à toute compensation du mal subi, esquiver le procès, faire le deuil de ce qu’on a perdu sans rien attendre en retour, c’est-à-dire pardonner**, c’est déjà plus difficile. Mais bon, c’est un horizon envisageable. La sainteté ne s’acquiert pas en un jour et on peut bien continuer de tendre vers elle sans trop désespérer. En revanche, lorsqu’il s’agit, non plus seulement de pardonner à l’autre qui nous a giflé, mais de lui donner l’occasion de nous gifler encore… là on dit « stop » ! Faut pas exagérer ! Jésus lui-même n’a pas mis cet enseignement en pratique et on ne le vit jamais tendre la joue ou bien réclamer qu’en plus des mains et des pieds on lui cloua aussi les coudes et les genoux ! Calmons-nous ! Sans doute y a-t-il derrière tout ça une forme d’exagération de la prédication qui veut nous faire comprendre que nous avons « du pain sur la planche » avant d’être « parfaits comme le Père est parfait »***.Mais je pense aussi au marchandage qui se pratique dans les souks de la belle ville du Caire où j’habite. Lorsque je veux un objet, je dois tout d’abord proposer un prix bien inférieur à la valeur que je lui attribue, alors que le marchand, de son côté, propose un prix bien supérieur à la marge qu’il veut faire. Ainsi, au terme de négociations, parfois longues, nous parvenons ensemble à un prix qui nous convient à l’un et à l’autre. Cette demande de Jésus serait comme le prix ultra élevé du marchand. Nous, en face, nous mettons en avant nos fragilités, notre pauvreté… en exagérant un peu. Mais Jésus est infiniment sage, entre le désir de vengeance qui nous taraude et la joue tendue qu’il nous demande, le juste prix, celui sur lequel nous devrons nous entendre au terme de nos négociations, ce sera le pardon. frère Jocelyn Dorvault * Livre de l’Exode ch 21, v 23-25. ** Évangile selon saint Matthieu ch 18, v 15-35. *** Évangile selon saint Matthieu ch 18, v 48.
Quelle magnifique image le frère Jocelyn nous offre ce matin pour nous aider à entrer dans l'exigence de la radicalité de l'Amour. Une belle Parabole ! C'est le chemin de l'équilibre entre ce que nous sommes capables de vivre et ce vers quoi l'Amour infini nous fait tendre à chaque instant..
C'est une négociation permanente qui se vit en nous, nous le savons bien. Dieu propose un chemin mais l'homme répond à la mesure de ses limites et de sa fragilité et surtout à son rythme. Quand nous vivons cela, nous nous élevons, et dans un même mouvement, le Père, s'abaisse et se mets à notre portée. Ainsi, nous avançons sur le chemin de l'Amour... Le temps est important, et Dieu n'est pas pressé !
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