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Matthieu 4, 18-22 Quand la Parole cherche ses voix...

  • Photo du rédacteur: Nicodème
    Nicodème
  • 4 juil. 2018
  • 4 min de lecture

18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. 19 Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » 20 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. 21 De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. 22 Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Quand la Parole cherche ses voix Prendre le relais, porter la Parole, être porteur de Parole, porte-parole du Royaume, et donc de Dieu lui-même, cela peut-il se faire seul ? Ils sont nombreux les gourous qui affirment connaître la vérité unique et qui tentent de l’imposer à tous les autres. Elles sont nombreuses les religions qui prétendent détenir le monopole du paradis et qui rechignent à donner du crédit à d’autres voix que les leurs. Jésus, tout Fils du Père qu’il est, ne pense pas ainsi. La Parole doit se porter à plusieurs. La Parole a besoin de plusieurs voix pour sonner juste. C’est pourquoi Jésus cherche des coéquipiers. On dira plutôt des disciples, parce qu’il faut bien se mettre à l’école de Jésus pour apprendre à faire comme lui, mais l’objectif est, finalement, de partager son ouvrage. Non seulement « comme lui » mais « avec lui ». L’Évangile nous dit qu’il en trouve deux qui travaillent, et deux autres qui ont terminé. C’est qu’il n’y a pas d’heure pour l’appel, ça tombe quand ça tombe. Il faut juste répondre. Ces quatre-là, tout « pécheurs » qu’ils soient, ne se sont pas dérobés. Et nous ? Il peut arriver que nous trouvions l’enseignement de l’Église un peu terne, difficile à suivre, parfois. Les sujets ne manquent pas. Certains le qualifient même parfois d’autoritaire, d’univoque. En effet, un certain discours monocorde et rabâché ne soulève plus l’enthousiasme des foules. Alors, qu’attendons-nous pour faire entendre toutes les harmonies de l’Évangile ? Qui prêtera sa voix pour que la Parole de Dieu résonne en une bienfaisante polyphonie ?


Cette méditation de frère Jocelyn est belle ! Déjà le titre m'a beaucoup plu "Quand la Parole chercher ses voix..." la Parole a besoin de plusieurs voix pour se dire. Elle vient à nous la première et attend notre réponse.

et puis deux autres phrases m'interpellent  : "La Parole se porte à plusieurs" ou encore "La Parole a besoin de plusieurs voix pour sonner juste." Quelle belle leçon nous donne Jésus aujourd'hui ! Lui qui EST La Parole par excellence, a besoin de voix pour se dire et se donner pleinement et totalement. Cette dynamique est dès le départ dans le coeur de son message. Pour sonner juste, la Parole a besoin de plusieurs voix. Etre coéquipiers du Christ, c'est nous plonger aussi dans cette dynamique. J'ai besoin de l'autre, mon frère pour que cette Parole "sonne juste" et continue son chemin dans les coeurs.

Et puis il y a cette phrase étonnante " Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes." j'ai lu il y a peu un livre qui de Gilles Rebêche * qui parle de ce passage d'évangile. Je vous le cite car pour moi cela a été lumineux !

"J'ai longtemps essayé de comprendre ce que voulait dire cette expression "pêcheurs d'hommes". Un poisson quand on le sort de l'eau il meurt... Cette expression est curieuse... Un jour, durant l'année saint Paul, un garçon qui sortait de prison et qui était venu à un partage d’Évangile sur saint Paul me dit en commentant l'histoire du chemin de Damas :

"Vous avez vu qu'il y a des écailles qui tombent des yeux de Paul quand il est converti ? Cela veut dire qu'il est repêché." Cela a été un déclic et j'ai compris. C'est comme pour Pierre. Pour être pêcheurs d'hommes, il faut avoir été repêché par le Christ. Et si nous n'avons pas conscience de cela, nous ne pouvons pas devenir des disciples missionnaires. Croire que le Christ est Ressuscité c'est être pris par ce mouvement de la Résurrection. Être des hommes et des femmes du mystère pascal, cela veut dire attester, par notre manière de vivre et d'être, que nous avons été repêchés et qu'à notre tour, par la force du Christ Ressuscité, nous sommes capables de contribuer à repêcher tous ceux qui, autour de nous, sont entrain de perdre pied, de se noyer, dans l'indifférence, dans l'absence de la foi, parfois même dans le rejet de Dieu."*


Ainsi le mouvement de la Résurrection commence pour le disciple à chaque fois qu'il ose se laisser repêcher par son maître... Il peut à son tour commencer à apprendre à "repêcher" les autres... On pourrait faire un parallèle avec le passage de Luc (5, 10-11) lorsque Pierre prend conscience de ce mouvement qui démarre en lui et dit :

« Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »

Jésus dit à Simon : "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras." Laissant tout, ils le suivirent...


in "Tu as ouvert devant moi un passage - Gilles Rebêche - éd. de l'Atelier - 13 €

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