Matthieu 3, 1-4 Un pas de côté...

01 En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : 02 « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » 03 Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. 04 Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.

Un pas de côté

Après les récits de l’enfance, tout est maintenant prêt pour décrire l’activité de Jésus. Eh bien non ! L’auteur fait un pas de côté. Il ne nous emmène pas en Galilée, mais au désert, il ne nous présente pas Jésus, mais un certain Jean. Depuis nos premiers pas avec saint Matthieu, nous sommes impatients d’arriver au cœur du sujet : la prédication de Jésus. Mais l’évangéliste nous dit : pas trop vite ! Avant d’aller à la rencontre du Christ, il faut passer au désert. Dieu, autrefois, a fait sortir son peuple d’Égypte. Alors c’était tout simple : le Seigneur avait fait un exploit, il suffisait ensuite d’entrer en Terre promise. Mais le désert nous rappelle l’épopée du peuple de Dieu durant quarante ans. Ces années d’errance ont prouvé que les choses n’étaient pas si simples. Un temps d’attente, sous la forme d’une retraite au désert, était nécessaire. Pendant ce temps, les Hébreux ont pu se poser les bonnes questions : « Que cherchons-nous vraiment ? » « Voulons-nous aller vers la Terre promise ou retourner en Égypte ? » Notre Terre promise, Jean-Baptiste l’appelle « Royaume des Cieux ». La conversion nous oriente vers ce Royaume, vers l’avant, plutôt que vers l’arrière. Attention, suivre le Christ est une aventure extraordinaire ! C’est exaltant, mais il faut y être prêt et le vouloir vraiment ! Avant d’entendre la parole de Jésus, cette rencontre avec Jean-Baptiste m’offre un répit pour me poser quelques questions : « Dans quel Royaume est-ce que je veux entrer ? » « Suis-je prêt à me convertir, à quitter mon Égypte pour vivre l’aventure de la Parole du Christ ? »

Frère Cyrille-Marie, dominicain.

La méditation de frère Cyrille-Marie, nous parle d'un "pas de coté".. Intéressant ce détour au désert avec Jean Le Baptiste... Pour être vraiment prêt à recevoir cette Parole, qu'est le Christ, le Verbe par excellence, il nous faut passer par le désert.

J'ai toujours été frappé que le désert qu'ont traversé les Hébreux en 40 ans, en fait il suffit de 4 jours pour le traverser. Ce n'est pas une grande étendue et pourtant, il leur a fallu tout ce temps ! C'est symbolique bien sûr et cela nous dit peut-être qu'il faut tout ce temps à nous aussi pour laisser germer la Parole en nous afin qu'elle porte du fruit.

Dans une des notes de la traduction araméenne, il est dit que le mot désert "Madberâ" vient de la racine hébraïque "davar", qui signifie "parler". Le désert est le lieu privilégié de la Parole. Il faut du temps pour que le Verbe devienne "chair" en nous et que nous apprenions a converser avec Dieu.

"Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers."

Et si, pour nous aujourd'hui ce désert dont parle ce texte, c'était ce temps de méditation de la Parole de chaque jour. Nous sommes un peu comme le peuple Hébreux, nous n'en finissons pas de "traverser cette Parole" chaque jour ! Nous avons besoin de ce long temps de rumination pour arriver à perçevoir des petits morceaux de "terre promise"...

Nous avons besoin de nous retourner, de nous de-sinstaller sans cesse pour nous laisser surprendre par la nouveauté de La Parole. C'est souvent quand nous vivons des situations difficiles que le retournement s'impose à nous, car c'est à ce moment là nous nous posons ces questions existentielles et que nous faisons un bout de chemin vers Dieu. Du coup je me dis que nous pourrions anticiper ce retournement en apprenant, avec La Parole, à ne plus subir notre vie, mais à la vivre pleinement comme elle se présente. Apprendre aussi à traverser notre vie avec la même espérance que ce peuple de la Bible qui marche à chaque pas, avec son Dieu et se laisse nourrir lui...