Matthieu 2, 16-18 Le massacre des innocents
- Nicodème
- 13 juin 2018
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16 Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. 17 Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : 18 Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.
Que vaut la vie d’un enfant ? Hérode veut la peau de Jésus et il la veut à tout prix. Ce Messie annoncé, potentiellement futur roi d’Israël, déjà vénéré par les sages d’Orient, risque de lui dérober son pouvoir. Perdre son pouvoir, cela veut dire perdre ses privilèges. Ne plus être au-dessus des autres, ne plus exiger, ne plus ordonner, ne plus se faire obéir, mais obéir à son tour. Ça, Hérode ne le veut pas ! Et, pour garder son pouvoir, il est prêt à tout, y compris à tuer les membres de sa famille. Cette histoire n’est pas nouvelle. Ici encore, Matthieu construit un parallèle avec l’Ancien Testament. Au tout début du Livre de l’Exode*, Pharaon veut faire mourir tous les enfants mâles des esclaves hébreux qui deviennent trop nombreux et menacent son pouvoir. Or, on connaît l’histoire, Moïse réchappera de ce massacre. Mis à part pour sauver le peuple, Jésus est ici comme un nouveau Moïse qui, béni de Dieu, échappe aux manigances des hommes. Hérode, quant à lui, fait table rase pour éradiquer la menace. La vie n’a pas de prix à ses yeux, ou plutôt, la vie des autres ne vaut rien en comparaison avec ses petits privilèges. Cette violence n’est pas révolue. Aujourd’hui encore, beaucoup de mères à travers le monde « pleurent leurs enfants et ne veulent pas être consolées car ils ne sont plus ». Victimes collatérales et anonymes des luttes de pouvoir que se livrent les nantis de tout poil, qu’ils soient religieux, industriels ou politiques. Victimes invisibles de notre égoïsme lorsque nous refusons de partager nos richesses pour ne pas diminuer notre petit confort et nos petits avantages.
Frère Jocelyn Dorvault, dominicains
Que dire ce matin face à la cruauté humaine.. Quand l'homme laisse grandir en lui la colère, il est capable du pire, de l'impensable.... Disproportion terrible entre ce qu'il vit à l'intérieur de lui-même et ce qu'il va ordonner à l'extérieur : "Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région"... L'horreur absolue ! Et d'où vient cette violence sinon du cœur d'Hérode... Hérode à l'habitude qu'on lui obéisse, qu'on s'agenouille devant lui et que le moindre de ses caprices soit exaucé. Or son petit monde est menacé. Il devient furieux et incontrôlable, et il fait n'importe quoi ! Cette attitude d'hérode, est extrême bien sûr, mais ne nous leurrons pas, cette violence, cette soif de pouvoir est en nous aussi. Cette Parole d'aujourd'hui mets à nue cette violence et ses conséquences si nous la laissons grandir et se développer en nous.
C'est un véritable combat à mener sur soi-même, pour ne pas entrer dans le cercle infernal de la violence. J'aime cette petite histoire du loup blanc et du loup noir : Un enfant va voir son grand-père considéré comme le vieux sage du village et lui demande "qu'est-ce qu'un Homme ?" Alors son grand-père, avec ses mots, l'emmène en voyage. Il lui parle de territoires immenses, connus et inconnus, des loups qu'on y trouve. Il lui raconte le loup noir, sombre, manipulateur, envieux, colérique, hargneux et menaçant, qui hurle la nuit, se cache, se bat avec les uns et dévore les autres, terrifie, domine par la peur et tue. Il lui raconte aussi le loup blanc, ouvert, équitable, joyeux, solidaire et fraternel. Il protège les siens et soutient les autres, attentif, généreux et confiant. Puis il lui dit : "Tu vois, l'Homme a ces deux loups en lui. Chacun de nous abrite en lui un loup noir et un loup blanc qui ne cessent de s'affronter." L'enfant réfléchit et lui demande : " et c'est lequel qui va gagner ?" Alors, le vieux lui répond doucement : "Celui qui gagne, ...... c'est celui que tu nourris."
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