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Matthieu 2, 13-15 Le Sauveur, se laisse sauver...

  • Photo du rédacteur: Nicodème
    Nicodème
  • 11 juin 2018
  • 3 min de lecture

13 Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » 14 Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, 15 où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Le père, c’est celui qui prend soin Dans sa construction d’un récit d’enfance, Matthieu est très attentif à cumuler les éléments attestant que Jésus est bien le Messie attendu. Entre autres, il propose plusieurs références aux prophéties de l’Ancien Testament. La première est ce détour par l’Égypte qui a donné lieu à tant de représentations délicieusement exotiques. Son souci, encore une fois est de manifester le lien entre les promesses de Dieu, « d’Égypte, j’ai appelé mon fils »,* et leur réalisation en Jésus. En Égypte, où je vis, cet épisode est une gloire nationale. Ces trois lignes dans l’Évangile donnent lieu aujourd’hui à de multiples pèlerinages, lieux de cultes, célébrations et représentations diverses. Sur les icônes, le voyage se fait tantôt à pied, à dos d’âne ou sur un bateau. Peu importe au fond de savoir comment la Sainte famille s’est déplacée, l’historicité de l’épisode n’est pas le plus important. Le plus intéressant dans ces images c’est l’attitude des personnages. Il en est un qui se tient toujours debout, souvent devant, c’est Joseph. Car le héros de cet épisode ce n’est pas Jésus, c’est Joseph. C’est à lui que Dieu s’adresse. C’est lui qui prend soin de son épouse et de l’enfant, c’est lui qui organise la fuite. C’est lui qui conduit le Messie loin du danger. C’est lui qui sauve le Sauveur. Ce n’est pas rien. Mais cet humble héros, dépossédé de titre, ne sera même pas nommé « père » dans l’Évangile. Pourtant, s’il n’est pas le géniteur, père il l’est assurément, puisqu’il éduque, qu’il protège, qu’il conduit et donc, qu’il aime.

Frère Jocelyn Dorvault


En lisant ce texte ce matin, je suis sensible au déplacements. Les mages s'en vont par un autre chemin. Joseph, Marie et l'enfant fuit en pleine nuit pour se rendre en Égypte.  Ils n'hésitent pas, les uns et les autres, à changer de destination, voyant le danger arriver. C'est ce que ferait chaque parents, vivant dans un lieu hostile à leur famille, ils fuiraient dans un ailleurs plus paisible et plus en sécurité. Nous voyons chaque jour des milliers de personnes dans cette situation, quittant leur pays en quête d'un ailleurs meilleurs pour leur famille. Ils ont eux aussi leur Hérode ! Il n'a pas le même nom, mais c'est le même personnage menaçant et sanguinaire qui tue à cause d'un orgueil démesuré, sans respect aucun, pour chaque personne humaine qui est et demeure une personne sacrée ! À travers chaque famille qui quitte son pays, c'est Le Christ qui revit cet exode ! À travers chaque famille qui accueille des migrants, c'est la "sainte famille" qui est accueillie ! À peine est-il né que la vie de Jésus est menacée. En s'incarnant, Dieu a choisi d'être lui aussi mortel et donc de prendre le risque de mourir à n'importe quel moment... Et à peine est-il né que la menace de mort se profile. Dieu prend aussi le risque de la confiance en un couple, et particulièrement en Joseph, le père de famille qui va lui aussi prendre tous les risques pour "sauver le sauveur" nous dit le frère Jocelyn ! Dieu, dans un acte de totale confiance, se laisse sauver de tous les dangers. Il a besoin de nos mains, de nos cœurs, de notre courage et de notre audace pour "être sauvé".. En prenant soin du frère, déraciné, en fuite, en l'accueillant sur notre terre, dans notre voisinage, nous sauvons Dieu des griffes de la mort pour qu'à son tour il puisse nous sauver de notre propre enfer-me-ment... Une note dans la traduction araméenne me dit qu'il existe plusieurs verbe pour dire sauver.. La racine araméenne du nom de Yéchoua signifie "le Seigneur sauve". Mais cela peut vouloir dire aussi " faire sortir de son enfermement de son enfer, mettre au large.. Intéressant !.....


* Livre d’Osée ch 11, v 1.

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