Matthieu 1, 18-19 Le risque de Dieu Matthieu pas à pas...
- Nicodème
- 28 mai 2018
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18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Le risque de Dieu - Commentaire de Frère Cyrille-Marie Richard, dominicain.
Dieu n’a pas choisi la voie la moins risquée pour faire naître son Fils. En voulant qu’il soit engendré dans le sein d’une jeune vierge, il courait de manière évidente un risque majeur, et quasiment inévitable : la mort du bébé et de la mère. Car la jeune femme est fiancée – quasiment mariée, en tout cas, promise à un homme.
Dieu a pris un risque, car l’homme allait tôt ou tard s’apercevoir de la grossesse de sa fiancée. Sachant que l’enfant n’était pas de lui, il allait faire appliquer la loi, conduisant la jeune femme à la lapidation et l’enfant qu’elle porte à la mort. Cela ne relevait pas de la cruauté, mais de l’application de la loi. Or, Dieu prend ce risque. Si le Fils éternel prend chair en ce monde, ce n’est pas pour s’en échapper dès sa naissance. La vie de Jésus sera soumise au bon vouloir des hommes, qui finiront d’ailleurs par le crucifier. Cette décision pour le Fils de Dieu de se confronter à l’humanité, et à l’humanité parfois meurtrière, il l’assume dès sa conception. Car Dieu, par cette prise de risque, fait aussi le pari qu’il existe des hommes justes. Il peut se trouver des hommes pour qui l’adultère – qui n’en est pas un, mais Joseph ne le sait pas encore – n’est pas un motif pour condamner à mort une femme et l’enfant qu’elle porte. Joseph, nous dit l’Évangile, est un homme juste, un homme pour qui la loi, même donnée par Moïse, ne peut justifier le meurtre de sa fiancée. Quand il voulait punir la faute des habitants de Sodome et Gomorrhe, Dieu avait dit à Abraham : « Si je trouve dix justes, je ne détruirai pas la ville. » À Bethléem, ce jour-là, Dieu a trouvé un juste pour faire entrer le salut dans le monde.
"La vie de Jésus sera soumise au bon vouloir des hommes" cette phrase de commentaire du frère Cyrille-Marie me frappe ce matin... A partir du moment où Dieu décide de s'incarner et de rejoindre l'homme dans son humanité, il prend un risque... Il remet toute Sa Vie entre nos mains et entre dans nos vies.. Il fait confiance en cette partie de nous-même capable de s'ajuster à son choix de naître et de vivre en nous.
Comment Dieu entre dans nos vies, sinon par son "Souffle", une respiration amoureuse.
"Elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint" je vous partage une petite note que j'ai lu dans l'évangile en araméen et qui m'a beaucoup plu. Je la cite :
"Esprit Saint" dans la traduction araméenne est traduit par "Spiration Sainte". Dans les langue sémitique, l'Esprit, le Souffle est féminin. L'esprit descend comme une colombe, et la colombe est, dans le Cantique des cantiques symbole féminin, elle est la bien-aimée, l'épouse.
Spiration d'une part est le nom de l'Esprit. L'Esprit saint procède du Père et du Fils par voie de Spiration et d'amour. Spiration vient du latin "spirare" qui signifie souffler, respirer. La Spiration Sainte est donc la respiration amoureuse de Dieu.
D'autre part, c'est le seul mot français du genre féminin qui rende le mieux le mot "rou'hâ". Pour illustrer cela voici un commentaire du Cantique des cantiques 1,2 :
"pourquoi l'Ecriture ne dit-elle pas : "Qu'il m'aime" au lieu de "qu'il me baise des baisers de sa bouche" ? Par le baiser, les amants échangent leurs esprits ; et c'est pourquoi le baiser s'applique sur la bouche, source de l'Esprit. Quand les esprits de deux amants se rencontrent par un baiser, bouche sur bouche, ces esprits ne se séparent plus l'un de l'autre. De là vient que la mort par un baiser est tant souhaitable. L'âme reçoit un baiser de Dieu, et elle s'unit ainsi à l'Esprit Saint pour ne plus s'en séparer. Voilà pourquoi la communauté d'Israël dit : "qu'il me baise des baisers de sa bouche" , pour que notre esprit s'unisse au sien et ne s'en sépare jamais." Zohkar II-124b
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si chaque l'Eucharistie commence et se termine par un baiser sur l'autel. Comme si le Prêtre, et avec lui toute la communauté, nous unissions notre esprit à la Respiration de Dieu. Et quand l'eucharistie se termine, il renouvelle ce baiser pour cette fois partager cette respiration amoureuse de Dieu avec le monde. Prendre la mesure de ce qui se vit ici, est tout simplement magnifique !
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