Perle de lecture... L'enfant qui savait
- Nicodème
- 27 mars 2018
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Papadou résidait dans le hameau nomade tout près de ma tente.... Dans ces contrées, lorsqu'on communiquait avec un sage pour la première fois, on ne le faisait pas tout de suite avec des mots, mais on partageait des silences. Sans forcément se regarder, ou si c'était le cas, avec pudeur, du coin de l'oeil, en prenant soin de ne pas déranger l'harmonie qui s'installait. Pour Papadou, écouter était un art, né de la densité ineffable du silence, et cet art consistait à faire l'offrande de son attention à l'autre. L'intervalle de connivence permettait de s'accorder au souffle de l'autre, à l'attente de l'autre, au désir de l'autre et à son besoin d'être entendu et compris. On n'est jamais aussi proche de quelqu'un que lorsqu'on déploie son regard vers les mêmes beautés qui font vibrer l'horizon en même temps que le coeur. De fait il ne suffit pas d'être l'un à coté de l'autre pour se sentir ensemble. Pour que la rencontre soit féconde, il convenait de préparer le terreau de l'attention afin d'accueillir dans son jardin intérieur les graines de pensées de son interlocuteur. Le grand silence goûté ensemble sous les étoiles, c'était une manière d'apprivoiser le souffle de l'autre, son être profond et de s'accorder au rythme de ses sentiments. D'être sur la même longueur d'âme.
in l'enfant qui savait François Garagnon - éd. Monte Cristo
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