Jean 20, 11-18
- Nicodème
- 3 avr. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 avr. 2018

En ce temps-là, Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
Seigneur, quand on perd quelqu'un de très cher, le passage est tellement difficile que l'on peut se surprendre à des réactions comme Marie. L'absence est telle que l'on s'accroche parfois à des petites choses qui nous donnent l'impression de nous rapprocher de celle ou celui qui est parti. Ce peut être un objet, un lieu, une photo, une odeur ou un parfum, une tombe... Mais cela n'est qu'illusion car nous sentons bien que ce n'est pas un chemin qui peut durer éternellement. Ce passage est nécessaire mais ne dure pas. Nous essayons de retenir ce que nous pouvons retenir tant qu'il est temps car nous avons l'impression que la mort nous a tout pris et laisse rien qu'un vide. Le vide qui demeure est dans un premier temps comme le tombeau vide dont s'approche Marie. Il fait peur et fait pleurer aussi. Et pourtant dans ce vide, petit à petit, nous devenons capable de percevoir des choses au delà de la mort.. Marie est en pleurs et lorsqu'elle se penche dans le tombeau elle voit deux anges... Deux messagers qui la rejoignent et essayent de la consoler. Elle n'est pas seule. Même dans le plus sombre des tombeaux, nous ne sommes plus seuls. Il y aura toujours quelqu'un ou quelque chose qui sera là pour nous aider à en sortir. Ce peut être une personne, une phrase qui nous reviendra à l'esprit, un rayon de soleil, le chant d'un oiseau ou un fin souffle... Le vide apparent peut finalement nous donner l'occasion de "voir" autrement. Le dépouillement qu'il génère en nous, nous ouvre en même temps sur cette autre manière de percevoir les choses et le monde.. Le vide n'est qu'apparent... Peut-être est-ce cela être dans la foi. Affiner notre perception de l'Essentiel qui ne se trouve jamais là où l'on s'y attend. Et notre quête que nous croyions terminé dans ce tombeau, paradoxalement se poursuit, dans cet ailleurs qui s'ouvre devant nous.
Marie voit Jésus mais ne le reconnaît pas, peut-être parce qu'elle est toujours tournée vers le passé et qu'elle a besoin de ce recentrer sur aujourd'hui, sur l'instant présent qui est toujours nouveauté et tourné vers la Vie. Lorsqu'elle comprend que c'est Toi Seigneur, elle a encore ce réflexe de te retenir
, mais ce qui devient le plus fort en elle desormais, c'est le désir de partager cette nouvelle, de ne plus être seule à en vivre. Cela la pousse en dehors de son enfermement et elle court désormais, annoncer ce que Le Seigneur lui a dit.
Seigneur je voudrais terminer ma prière ce matin avec cette expérience de Christian Bobin alors qu'il va au cimetière sur la tombe de son papa :
" Je me suis penche sur la tombe de mon père et j'ai appuyé ma main sur la pierre froide. Des nuages obscurcissaient le ciel. Le soleil est apparu et il a posé sa main sur la mienne. Le glacé de la pierre me disait l'absence définitive de mon père et la chaleur du soleil me disait le douceur agissante de son âme. Je ne suis restée ainsi qu'une poignée de seconde, puis je me suis relevé et suis revenu dans la ville avec au cœur une force énorme. "
In "ressusciter" Christian Bobin éd. Folio.
Commentaires