Jean 17, 11b-19 Père Saint, garde mes disciples unis dans ton Nom
- Nicodème
- 16 mai 2018
- 3 min de lecture

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Je vous partage cette "perle de lecture" que j'ai trouvé dans le livre "l'impronnonçable" de Francine Carillo. Elle mets en relief cette petite phrase de l'évangile d'aujourd'hui :
"Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes."
"Au jour de notre naissance nous recevons un nom dont la mesure, comme celle de l'amour est d'être sans mesure. C'est une promesse de festin qui parle plus haut que les voix du destin. Le nom porte à se tenir sur le seuil, dans l'ouverture à ce qui vient. On croit porter un nom, mais c'est lui qui nous porte et nous emporte à la rencontre de ce qui en nous, n'est pas encore né."
Au revers de notre nom, JE SERAI, murmure sa mélodie : non pas tu dois, mais tu peux !
S'attendre à un autre en soi, c'est forcer le cercle de l'enfermement et du découragement, voire de la maladie" (une note dit ceci : en hébreu "maladie" mahala, vient de la racine mahol qui signifie "faire une ronde", "tracer un cercle"... Guérir, c'est donc sortir du cercle.)
C'est commencer, au lieu de recommencer, diverger au lieu de redoubler ce qui a toujours été.
YHWH, c'est "il se peut", la révélation que c'est possible ! C'est l'irruption d'une vigueur qui déborde la fatigue d'être soi....
Le nom que nous sommes est porteur en son envers d'une histoire encore à écrire. C'est un appel à naître, une échappée belle hors des griffes du paraître. Une sorte d'urgence à nous réinventer chaque jour, en alliance avec la voix qui murmure notre nom dès le ventre maternel et l'inscrit à jamais au livre de vie.
Le nom est à la fois don et horizon.
Il raconte d'où nous venons et où nous allons. Racine et ouverture.
Au fil de la tradition prophétique, un refrain se noue qui rappelle que l'humain vient de s'incliner devant YHWH, son possible être : "je mettrai en vous un souffle et vous vivrez ; alors vous connaîtrez que je suis YHWH" (Ez 37,6)
"alors vous connaîtrez... Cette connaissance est en vérité re-connaissance, nouvelle naissance. Reconnaître YHWH, c'est s'abandonner à ce Nom qui, au fond de notre nom, libère le chemin du "là-bas". C'est comprendre que la vie qui est devant est plus grande que celle qui est derrière, parce qu'elle est placée sous l'horizon d'une promesse qui délivre le passé de ses étroitesses et le présent de son angoisse.
"JE SERAI"... C'est le Nom qui remet notre nom à l'endroit, qui le travaille d'inédit et rappelle à chacun : je serais toujours le commencement de ton avenir, par n'importe quel temps, par n'importe quel vent !
Pas de providence, mais un projet de mutualité, une coresponsabilité. Le Tout-Puissant peut alors devenir le "Tout-Peut-Être"..
YHWH, en sa voix de fin silence, est en définitive une invitation... À ne pas en rester là ! À préférer l'aventure et les ratures, aux tyrannies de l'immobilisme et du conformisme
"Ne demande jamais ton chemin à quelqu'un qui le connait, car tu ne pourrais t'égarer" disait le Rabbin Nahman de Breslau.
* "l'impronnonçable, ce nom scellé au revers de notre nom " Francine Carillo éd. Labor et Fidès -
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