Marc 6, 1-6 Un prophète n'est "diminué" que dans sa ville...

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : " D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? " Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : " Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. " Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Que de d'interrogations aujourd'hui autour de Jésus...

Ses paroles sont pleines de sagesses et pourtant elles ne pénètrent pas dans les cœurs de ses proches. Elles choquent, étonnent ceux qui les entendent. Ils n’arrivent pas à aller plus loin que leur étonnement...

Cette incapacité à recevoir cette Parole sur sa terre de naissance m'interpelle ce matin. C’est aussi mon incapacité.

Dieu est au cœur de notre cœur et cependant, bien souvent, nous n'arrivons pas à l'accueillir, à recevoir sa Parole, à nous en nourrir. Nous connaissons déjà tous ces textes et nous nous suffisons à nous même dans la manière de les recevoir...

Et pourtant cette Parole n'est-elle pas aujourd'hui que nouveauté ?

Demain la même Parole aura une autre résonance dans ma vie. Elle est ajusté à toute ma vie, comme un vêtement que l'on aurait fait sur mesure.

Est-ce que je crois cela ? Est-ce que je mise tout là dessus ?

Ce lieu d'origine dans lequel Jésus se rend ce matin, ce peut être notre âme, cet endroit intime dans lequel, il naît, grandit, enseigne, se donne, aime et demeure. Il nous faut, comme les disciples, marcher longtemps avec Lui pour connaître ce "lieu" de notre cœur, qui n'est pas encore bien défini pour nous. Il nous entraîne dans ce " fond sans fond" pour nous enseigner, nous parler, nous instruire et nous guérir.. Ce lieu nous est étranger et pourtant il fait partie intégrante de notre être.

Comment ai-je pu devenir à ce point étrangère à moi-même, que je recherche à l'extérieur et au loin bien souvent, ce que je possède au plus profond de moi.

Habiter notre quotidien, le moment présent sans le fuir en se projetant dans un futur à venir ou dans un passé révolu.. Être là ou je dois être, avec tout mon esprit, mon intelligence et mon cœur et me laisser surprendre par le passage de La Parole, sans m’en étonner puisqu’elle est ici chez elle, tel semble être le message de cet évangile d’aujourd’hui.

J’ai noté une petite phrase dans la traduction araméenne, qui m’a bien plu :

"Un prophète n'est "diminué" que dans sa ville, dans la maison de ses proches et dans sa maison."

Le mot "diminué" me plait bien, plus que méprisé dans la traduction liturgique. Diminué c’est empêcher la parole de se donner pleinement. C’est en quelque sorte ne pas lui permettre de donner tout son fruit alors que tout est là, potentiellement et à notre portée… Nous avons bien ce pouvoir de "diminuer" la portée de La Parole et il est très facile de le mettre à l'oeuvre, tout simplement en ne prenant pas le temps de nous mettre à son écoute.

Alors Seigneur, je te prie, ce matin. Envoie ton Esprit pour qu’il ouvre mes oreilles, mes yeux et mon coeur à cette Parole que tu nous offres. Prépare mon coeur pour que ta visite d’aujourd’hui porte du fruit dans toutes les rencontres que je ferais.